13 Nov Le Parisien Nanterre : nouveau rassemblement de soutien aux mineurs isolés
Nanterre, ce mercredi. RESF a organisé un nouveau rassemblement devant le bâtiment Quartz qui abrite les locaux de l’aide sociale à l’enfance. LP/D.L.
Par David Livois Le 13 novembre 2019 à 19h21
Voilà six mois que Camara dort dehors. Arrivé seul du Mali, en janvier dernier, il dit être âgé de 16 ans seulement. Une affirmation toutefois infirmée par le test osseux réalisé par les services de l’aide sociale à l’enfance (ASE) du département des Hauts-de-Seine.
Considéré comme majeur, et donc trop vieux pour bénéficier de la prise en charge de l’ASE, Camara a donc été remis à la rue. Une situation inacceptable pour le réseau éducation sans frontière (RESF) qui organisait un nouveau rassemblement de soutien aux mineurs isolés, ce mercredi, à Nanterre, à quelques jours de l’anniversaire de la convention internationale des droits de l’enfant.
« Il est temps de mettre en place un plan d’urgence »
« Il y a un recours abusif à ces tests osseux, s’indigne Hervé Lecomte, l’un des porte-parole de RESF 92. Ici, on a hélas tendance à mépriser la présomption d’authenticité des documents d’Etat-civil présentés par ces jeunes. Selon le conseil constitutionnel pourtant, le doute doit profiter à l’intéressé. Or, ce n’est clairement pas le cas. »
Les militants n’incriminent pas la poignée de travailleurs sociaux de la cellule Mineurs non accompagnés (MNA), une structure qu’ils estiment sous-dotée en moyen humain et matériel au regard du nombre de dossiers à traiter. Ils regrettent en revanche le manque de moyens alloués par le Département.
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« Dans certaines collectivités, les caisses sont vides, mais ce n’est pas le cas du département des Hauts-de-Seine qui affiche un excédent de 500 M€, s’agace Hervé Lecomte. Il est temps de mettre en place un plan d’urgence pour accorder à ces jeunes les conditions de vie décentes auxquelles ils ont droit… »
910 mineurs isolés actuellement pris en charge par l’ASE
« Surtout que l’évaluation des cas n’est pas le seul problème, appuie Isabelle Clanet-Dit-Lamanit, membre du groupement des avocats d’enfants du barreau des Hauts-de-Seine. La prise en charge est elle aussi défaillante. Elle se résume souvent à quelques places d’hébergement. Il n’y a pas d’accompagnement socio-éducatif, on ne leur propose aucun accès aux soins ».
À l’image du sort réservé à Ibrahima, un jeune Guinéen dont la minorité a été reconnue, mais qui, depuis mai, doit toutefois se contenter d’une place à l’hôtel Terminus de Colombes. Pour lui, comme pour une centaine de jeunes, pas de scolarité possible. « J’essaie de trouver une place pour suivre un CAP mais c’est à la fois compliqué de trouver un établissement et un patron, regrette-t-il. Sans aide, c’est même impossible. »